Julie - l’easyjet-setteuse
La FLIRTAKADEMIE vous apprendra tous les mois à identifier, au premier coup d’œil, la méthode appropriée pour conquérir l’Allemand ou l’Allemande de vos rêves les plus fous. Mais aussi à repérer et éviter les chocs culturels de la drague Outre-Rhin. Les bénéfices de l’amour interculturel sont innombrables : apprentissage express d’une des langues les plus difficiles au monde, insertion dans le milieu amical deutsch de l’être aimé et gain immédiat de reconnaissance sociale au Kneipe du coin. Sans oublier que les disputes bilingues sont toujours extrêmement divertissantes !
Repérer Julie
Waouh ! Il est cinq heures du matin, au Berghain, et vous n’en revenez pas de cette créature parfaitement coiffée, parfaitement fringuée qui se déplace avec la grâce d’un chat persan, parmi la foule des défoncés qui oscillent du bulbe sur de la minimale hypnotisante. Mein Gott, se pourrait-il qu’il existe de telles créatures au pays de la Birkenstock ? Pas de doute, Julie est française : elle a ce petit air hautain, sûr de son joli nez en trompette et de sa taille de guêpe et cette voix flûtée de parisienne quand elle parle avec ses copines.
Julie a vingt-quatre ans, elle vit dans le sixième arrondissement, elle est total fashion grave, elle adore la techno grave, la coke (chut chut parlez moins fort) et les mecs au portefeuille bien rempli. Elle tient un blog, Julie Hype Everyday.com, qui a son petit succès (un peu noyé dans le succès des soixante dix mille blogs de mode parisiens, tout de même). Julie aime les bouquins, surtout les Pintades à New York et Anne Gavalda, elle s’exprime bien et adore truffer son vocabulaire d’argot de banlieue datant des années 2000.
Berlin, elle kiffe, par exemple. Dans le tromé, avec ses copines, elle prend des selfies avec son Iphone avec, derrière elle, le panneau de la station « Alexanderplatz », l’air blasé, ou en duck face. Elle les poste aussi sec sur son tumblr et son facebook. Trop fun !!!
On trouve la Julie au Berghain, à Berlin, donc, si elle a réussi à rentrer (Sven, le physio, a failli l’égorger quand elle a voulu faire un selfie avec le redoutable cerbère du club). Quelques Julies se promènent à Hambourg dans le Schanzenviertel, mais c’est plus rare. Attention, la Julie est (un) volatile. Elle ne restera pas longtemps à Berlin, car c’est une easyjetsetteuse qui vient passer deux ou trois nuits d’enfer, dévaliser les boutiques vintage, picorer vegan et repart le dimanche soir, les yeux cernés, finir ses études d’attachée de presse dans le 17e à Paris.
Comment la séduire
Vous partez avec un inconvénient, car Julie n’est pas venue à Berlin pour se taper un mec de chez elle. Son rêve, c’est de garnir son profil Facebook de selfies avec des DJs et des hipsters de Kreuzkölln. Jouez la carte « locale » à fond. Soyez plus hipster que le hipster. Pour une Julie, tout est dans l’apparence. Copiez point par point le look des serveurs kreuzbergeois, nul besoin de créativité pour cela. Votre avantage est celui de la langue (n’y voyez pas de recommandation salace – quoique…) car Julie parle un anglais merdique, comme toutes les Gauloises, et à cinq heures du matin, le pif poudré de blanc et l’œil noyé dans l’alcool, ça fait toujours du bien de s’exprimer en français. Flattez-la sur son style et payez-lui un verre tout en lui donnant des conseils de clubber : « le Watergate c’était bien jusqu’en 2007, maintenant c’est pourri, évite le Tresor, essaie le Wilde Renate, tu veux que je t’emmène dans un truc super underground pour l’after ? C’est des potes de San Francisco qui mixent… ». Crédibilité assurée.
Le choc culturel
Il ne vous faudra pas plus de deux jours pour comprendre pourquoi vous avez déménagé à Berlin. C’est en partie aussi pour éviter les pintades parisiennes en son genre. Certes, Julie n’est pas idiote mais elle se comporte comme telle. Accro aux fringues, accro à son téléphone, accro à son image, elle vous fait presque regretter la simplicité fraîche de Sophie, l’étudiante binoclarde en Sozialpedagogik ou de Katrin, la vegan passionnée par la protection de nos trente millions d’amis. Julie se balade dans Berlin comme si elle était à Disneyland, râle en permanence parce qu’il faut tout payer en liquide, trouve les croissants d’après-Berghain infects, parle super fort en français dans le métro sans se douter qu’au moins vingt personnes dans la rame comprennent ce qu’elle ahane. Vos copains berlinois la trouvent cruche. Et elle drague sous vos yeux le nabot à deux dents en or qui mixe au Week-End Club, juste parce qu’il est DJ.
Comment la larguer
Allez-y à fond dans le style berlinois. Il vous est impossible de vous engager, vous la trouvez merveilleuse mais vous êtes en recherche métaphysique (qui suis-je ? où vais-je ? comment être un artiste génial sans se fouler ?). Ne lui dites surtout pas que seules ses fesses vous intéressaient, Julie est une romantique sous ses fards de fashion victim libérée et vous ne voulez pas non plus heurter son petit cœur, ni son ego surdimensionné. Vantez-lui les vertus de l’instant dont on profite à deux, dites-lui qu’il faut savoir se dire au-revoir, c’était beau de partager ce petit moment de chaleur dans un monde de brutes, etc. Elle gardera un souvenir impérissable de votre discours philosophique et de ces deux nuits-éclairs. Vous pourrez ensuite la mettre dans l’avion sans le moindre état d’âme. De toute façon, elle vous aurait largué par Skype. Tschüss Julie !