Les Français en Allemagne votent à gauche… et par internet
Les Français d’Allemagne votent majoritairement à gauche, avec de fortes sensibilités centristes et écologistes. C’est ce qui ressort des résultats des élections présidentielles des 22 avril et 2 mai derniers en Allemagne et de nos sondages. D’après l’enquête que nous avons menée auprès de nos membres domiciliés en Allemagne*, le socialiste Pierre-Yves le Borgn devrait arriver en tête au premier tour des législatives des 10 et 17 juin dans la circonscription 7 des Français de l’étranger.
Les Français d’Allemagne votent plutôt socialiste
Au premier tour de l’élection présidentielle, François Hollande est arrivé en tête avec 32,2% des voix dans les bureaux de vote en Allemagne. Il était suivi de Nicolas Sarkozy (28,2%) et de François Bayrou (14,1%). On note un net repli du vote centriste en Allemagne : en 2007, François Bayrou était arrivé en seconde position au premier tour, avec 27% des voix contre 25% pour Nicolas Sarkozy. En 2012, la candidate des Verts Eva Joly a réalisé une belle percée : elle est arrivée en 4e position, avec 11,1% des voix, soit un résultat bien supérieur à celui recueilli en métropole (2,5%). Suivaient Jean-Luc Mélenchon (7,6%) et, loin derrière, Marine Le Pen (3,6%). Au second tour, François Hollande a recueilli 56,3% des voix en Allemagne, contre 43,7% pour Nicolas Sarkozy. Les électeurs de Berlin, qui ont voté à 72,4% à gauche, ont beaucoup joué dans ce score. Les résultats obtenus dans les urnes sont en accord avec les tendances que nous avions récoltées lors de notre précédent sondage en ligne (lien).
Pierre-Yves le Borgn devrait arriver en tête aux législatives
Avec les électeurs de la 7e circonscription des Français de l’étranger, qui s’étend de la frontière allemande aux Balkans, les Français d’Allemagne sont appelés à voter pour désigner pour la première fois un député qui les représentera à l’Assemblée Nationale. Pas moins de 15 candidats sont en lice.
Avec 43,9% d’intentions de vote selon notre sondage, le socialiste Pierre-Yves Le Borgn devance largement son principal challenger Ronan Le Gleut (UMP), qui ne recueille que 28% des voix. Les voix des autres candidats pourront-ils peser dans la balance au second tour ? Rien n’est moins sûr : parmi ceux qui avaient déclaré leur candidature au moment où nous mettions en ligne le sondage, seul le centriste Nicolas Jeanneté dépasse les 10% d’intentions de vote avec 11,2%. Suivent Eric Bourguignon (Front de Gauche), qui obtient 7,5% des voix, Bruno Pludermacher (Cap 21) avec 5,6% et Jean-Claude Wambre (Indépendant) qui réalise 2,8%.
Une participation qui reste faible
La grande inconnue de ces premières élections législatives des Français de l’étranger devrait être la participation. Traditionnellement, les citoyens domiciliés hors de France sont peu nombreux à voter. Au second tour de la présidentielle, où la participation est habituellement la plus élevée, seuls 39,1% des Français inscrits en Allemagne se sont déplacés ou ont voté par procuration. C’est deux fois moins qu’en métropole. Seront-ils plus nombreux à participer cette fois-ci ? C’est tout l’enjeu de cette élection, censée les concerner plus directement et qui ouvre largement les possibilités de participation, avec le vote par internet et par correspondance. Pour le premier scrutin numérique organisé en France, 130.000 personnes dans le monde avaient participé à la date du 29 mai 2012.
D’après les résultats de notre sondage, 37,5% des personnes interrogées indiquent n’avoir pas voté parce qu’elles ne sont pas inscrites sur les listes électorales. L’abstention volontaire arrive en seconde position (34,4%) avant le sentiment d’être éloigné des bureaux de vote (29,2%). De nombreux sondés ont déclaré qu’ils comptaient voter sur internet (55,6%) et par correspondance (8%).
Des préoccupations mal comprises des candidats
Globalement, les sondés regrettent surtout d’être peu informés. Ils sont 26% à estimer que leurs préoccupations sont mal prises en compte par les candidats, malgré l’impression ressentie d’avoir été « submergés d’emails ». Dans les questions ouvertes, ils déplorent notamment que « les programmes aient été envoyés trop tard », que les responsables politiques de métropole « confondent expatrié et évadé fiscal » alors que beaucoup rappellent qu’ils ont un contrat local. Ils s’inquiètent aussi de problèmes concrets non pris en compte : leurs cotisations de retraite au retour en France et l’enseignement français de l’étranger jugé « pas assez mixte », la langue du pays étant « mal enseignée ».
Les électeurs français en Allemagne, chiffres et tendances
72.098 Français d’Allemagne sont inscrits sur les listes électorales selon les chiffres du consulat, soit l’équivalent de la ville de Bourges. D’après ces listes, la plupart d’entre eux (38%) sont installés dans le sud, à Munich et à Stuttgart. Près de 20% vivent dans la région de Francfort. Ils sont 16,6% à vivre autour de Düsseldorf et 15,4% à Berlin. Quelque 3600 Français vivent à Sarrebruck et presque autant à Hambourg, soit moins de 5% du total pour chacune de ces villes. Politiquement, si Berlin et Hambourg votent plutôt à gauche, les autres villes présentent des profils politiques plutôt équilibrés entre droite et gauche. Les Français d’Allemagne constituent la très grande majorité de la 7e circonscription (Europe centrale et orientale), qui compte environ 89500 inscrits. Au total dans le monde, 1,1 million d’électeurs installés à l’étranger sont appelés à désigner 11 députés les représentant à l’Assemblée nationale.
Pour plus d’informations :
- La liste officielle des candidats
- Résultats des urnes au premier tour des présidentielles
- Résultats des urnes au second tour des présidentielles
- Plus d’informations sur la circonscription
*Sondage mené par internet auprès de nos membres, du 26 avril au 31 mai, 236 personnes ont participé.