Ampelmann: le chouchou des rues de Berlin

Le petit bonhomme fut créé en 1961 par Karl Peglau, “psychologue de la circulation” (Verkehrspsychologe) alors chargé de réduire les dangers liés à la circulation automobile à Berlin-Est. Il pensait qu’en adoptant un personnage plus expressif que les classiques signaux lumineux pour piétons, les usagers seraient plus respectifs au message. C’est ainsi que les Ampelmännchen se répandirent, d’abord à Berlin-Est, puis dans toute l’Allemagne de l’Est.

Peglau était psychologue du transport en RDA - et il se souciait des piétons. À la fin des années 50, le volume de trafic fut en forte croissance - au grand dam des passants. "Mon mari était certain que les piétons ne le suivraient que s'ils aimaient et comprenaient le symbole de la circulation", se souvient la veuve de l'inventeur, Hildegard Peglau. Pendant son temps libre, son mari a donc créé son "Männekin". Ce symbole se devait d’être plus qu'une simple ligne dans le paysage comme son homologue de Berlin-Ouest.

Le petit bonhomme potelé et agile a rapidement été conçu avec les lumières vertes et rouges. La conception de la partie supérieure, cependant, s'est avérée être une question politique, se souvient Hildegard Peglau : "Une séparation latérale ? Pas assez antifasciste ! Une tête bouclée et concise ? Trop méditerranéen ! La solution a souri aux caméras de la télévision d'État un jour d'été : le soleil brillait, la chaleur était brûlante et Erich Honecker portait un chapeau de paille. Le 13 octobre 1961, Karl Peglau présente son "guide de rue" au ministère des Transports de la RDA. L’Ampelmann est né. Mais les moulins à vent de la bureaucratie ont encore mis huit ans avant que le premier petit homme vert ne trouve sa place dans un feu de circulation à Berlin-Mitte.

Son histoire en vidéo

Après la chute du Mur, on commença à le remplacer par les feux pour piétons de l’ouest, ceci dans un souci d’uniformisation, et parce qu’aux yeux des hommes politiques allemands, les symboles de la RDA devaient disparaître. Mais c’était sans compter sur la popularité du petit bonhomme vert! Devenu une sorte de mascotte de l’Ostalgie, la nostalgie de l’Allemagne de l’Est, son remplacement fit l’objet d’importantes manifestations. En 1995, le designer Markus Heckhausen le rendit populaire dans les médias en créant des objets l’utilisant dans un cadre artistique. L’Ampelmann retrouva sa place dans les quartiers de l’ancien Berlin-Est, et fut même introduit à partir de 1997 dans de nombreux quartiers de l’Ouest. On le trouve aussi dans de nombreuses villes d’ex-Allemagne de l’Est, mais le débat pour l’introduire dans les “vieux Länder” n’a jamais eu lieu. En 2001 apparut le premier magasin dédié à l’Ampelmann dans les Hackescher Höfe (S-Bahn Hackescher Markt). Entre temps, d’autres sont apparus un peu partout dans la ville, comme à Potsdamer Platz (Arkaden) et Unter den Linden. En 2004 apparurent même les Ampelweibchen, version féminine d’Ampelmann, on peut entre autres les rencontrer à Dresde.

Pour les touristes, le petit bonhomme vert de signalisation est un souvenir populaire de Berlin. Conçus il y a 50 ans en RDA, les personnages sont devenus une marque culte après la chute du Mur, et sont aujourd'hui aussi populaires au Japon qu'à Hollywood.

Son succès fut immédiat. Il devint une star de la télé en passant dans les émissions du Sandmännchen (marchand de sable) pour donner des conseils aux enfants. Aucun autre symbole de l'ancienne RDA n'est aussi simple et réussi que les deux hommes des feux de signalisation. Vous pouvez acheter les deux hommes rouges "Steher" et verts "Geher" dans quatre magasins à Berlin : sous forme de lampes, de vases, de serre-livres ou d'imprimés sur des tasses, des chemises et des sacs à bandoulière.

Aujourd'hui, Heckhausen vend toujours les lampes, pour un peu moins de 80 euros la pièce. Avec eux et d'autres produits dérivés de l’Ampelmann, son entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de sept millions d'euros en 2018. Dans ses quatre boutiques berlinoises, les touristes s'ébattent parmi les vases, les éponges et les pâtes Ampelmann. Pour les Allemands de l'Est, l'Ampelmann est un symbole contre la manipulation de l'identité, dit l'homme d'affaires. Pour les touristes, ce sont des souvenirs de la folle capitale allemande.

Les produits dérivés de l’Ampelmann ont accru la popularité de l'homme aux feux de signalisation - et ont suscité des protestations contre sa disparition de la circulation. Depuis 1997, de nouveaux petits bonshommes de l'Est remplacent leurs anciens collègues - parfois même à l'Ouest. Dans des villes comme Cologne ou Dresde, la petite bonne femme aux feux de circulation est également de service avec sa jupe et sa queue de cochon. Les "Walkers" et les "Standers" ne s'arrêtent pas non plus aux frontières nationales. L’Ampelmann est déjà vendu en Asie comme souvenir. Les Japonais en particulier en sont fous, dit Heckhausen. Ils ont adoré son histoire, "parce qu'il est si mignon". Le créateur a prévu une chanson sur l’Ampelmann. Bientôt, il y aura une application pour les téléphones portables. Hollywood, dit Heckhausen, a déjà appelé...

Plus d’infos sur son histoire. et encore un autre symbole berlinois pour compléter votre séjour par une approche culinaire: la currywurst !

Bon séjour à Berlin !

Johanna

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