Trente cinq ans après la chute du mur de Berlin: si semblables, si différents

Dans les statistiques sociales, il faut, en effet, chercher les traces du passé antérieur à 1990. En 35 ans, l’Est s’est aligné sur l’Ouest en termes de conditions de vie, mais aussi d’espérance de vie, de santé ou encore de consommation de tabac. Seule la population a davantage baissé à l’Est, en raison de l’émigration vers l’Ouest. Mais celle-ci est aujourd’hui stoppée. Et on observe même parfois un mouvement en sens inverse, de l’Ouest vers l’Est.

es différences marquées s’observent, en revanche, pour ce qui touche à la famille. À l’Est, la majorité des enfants naissent hors mariage (59 %), alors que ce n’est pas le cas à l’Ouest (28 %). On compte plus d'enfants en crèche à l'est ou à l'ouest (52 % contre 28 %). Par ailleurs, les structures de garde de la petite enfance sont nettement plus développées dans les Länder de l’ex-RDA. La population a chuté ces 35 dernières années et compte moins de 13,9 million d'habitants D'après les experts elle pourrait encore diminuer d’au moins 10 %.

En termes économiques, l’Est et l’Ouest se sont aussi très largement rapprochés. Par exemple, l’Est possède aujourd’hui des centres de recherche de pointe et des entreprises ultra-compétitives qui n’ont rien à envier à celles de l’Ouest. Les revenus de ses habitants atteignent aujourd’hui près de 85 % de ceux de l’Ouest.

L'écart entre l’ex-RDA et l’ancienne RFA a diminué depuis la chute du Mur et la Réunification qui s'en est suivie. Cependant de nombreuses économistes pensent qu’ il faudra encore des années pour la résorber.

Le taux de chômage a fortement diminué à l'ouest autour de 6 %. On se rappelle les 20 % au début des années 90. Les villes de Leipzig, Dresde ou Jena embauchent désormais des experts et des candidats qualifiés dans les secteurs de pointe et de haute technologie.

Les chiffres sont impressionnants: le produit intérieur brut en ex Allemagne de l'Est est de 75 % de celui de l'Allemagne de l'Ouest, alors qu'il n'était que de 43 % en 1990. Plus de 2000 milliards d’euros ont été investis en Allemagne de l'Est pour créer de nouvelles infrastructures telles que des écoles, des autoroutes, des piscines, des stades...

Toutefois, si les stigmates de quarante années d’économie dirigée ont disparu depuis longtemps, on continue d’observer des différences. Une récente étude montre ainsi que les entreprises familiales, si importantes dans le tissu économique allemand, ont un poids très supérieur à l’Ouest. Elles y réalisent 22 % du chiffre d’affaires et y emploient 20 % des salariés en emploi stable à l’Ouest. À l’Est, ces chiffres n’atteignent que respectivement 7 % et 4 %.

En terme de revenus mensuels bruts, les statistiques actuelles montrent que les salaires sont en moyenne d'un montant de 3 330 € contre 2 690 € à l'est. Les retraites quant à elles sont en moyenne cependant plus élevé à l'est qu’à l'ouest (864 € contre 1 075 € par mois).

Quand il s’agit de trinquer, par exemple. Pur produit de l’Est, le mousseux de la marque Rotkäppchen est, en effet, devenu en trente ans le leader du marché allemand. Pour ceux qui préfèrent la bière, plusieurs marques est-allemandes ont également réussi à tirer leur épingle du jeu dans l’Allemagne unifiée. C’est également le cas du fromage blanc Leckermäulchen, et dans une moindre mesure de la moutarde de Bautzen.

De fait, les marques est-allemandes ont perdu leur image de marques bon marché. Récemment, une étude montrait même que ce sont les jeunes allemands achètent le plus souvent des marques est-allemandes. Pas par nostalgie (on parle même d'"Ostalgie"). Ils justifient ce choix par « la qualité des produits » et un sentiment d’identification patriotique.

uant aux objets du quotidien hérités de l’ex-RDA, ils sont encore nombreux. L’un des plus célèbres est sans doute l’« Ampelmännchen », qui vous indique quand traverser au feu tricolore. On pourrait également citer le « Sandmännchen », le marchand de sable qui passe à la télévision pour endormir les enfants. Celui de l’est a survécu à son homologue de l’Ouest.

Enfin, certains mots de l’Est sont entrés dans le langage courant. On parle aujourd’hui dans toute l’Allemagne de « Kaufhalle » (ou Supermarkt/ supermarché), de « Feinfrost » (ou Tiefkühlware/ surgelé) ou encore de Kollektiv (ou Team/ équipe). Sans oublier les expressions « Fakt ist » (C’est un fait que) ou « alleinstehende Mutter »* (mère solo).

L'évolution de l'identité régionale dans l'ex-RDA est un sujet complexe qui reflète les transformations sociales, politiques et économiques depuis la réunification. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, de nombreux habitants de l'ex-RDA ont été confrontés à un bouleversement profond de leur identité. Pour certains, cela a signifié la perte d'un régime politique et d'un système économique dans lesquels ils avaient grandi, tandis que pour d'autres, cela a ouvert de nouvelles possibilités et perspectives.

Dans les premières années qui ont suivi la réunification, de nombreux habitants de l'ex-RDA ont conservé un fort attachement à leur identité régionale et à leur passé socialiste. Pour eux, la réunification représentait davantage une incorporation forcée dans un système capitaliste occidental qu'une véritable opportunité de changement. Cette nostalgie pour la RDA a parfois été exprimée à travers des mouvements politiques ou des initiatives culturelles visant à préserver le patrimoine de l'ex-RDA.

Cependant, au fil du temps, l'identité régionale dans l'ex-RDA a évolué pour inclure une gamme plus large de perspectives et d'expériences. De nombreux habitants ont saisi les nouvelles opportunités offertes par la réunification, embrassant les valeurs de la démocratie libérale et du marché libre. Pour eux, la réunification a représenté une chance de liberté, d'ouverture et de prospérité économique, même si elle a également apporté son lot de défis et d'incertitudes.

Ainsi, l'identité régionale dans l'ex-RDA est devenue de plus en plus diversifiée et complexe, reflétant les différentes perspectives et trajectoires de vie des habitants. Certains ont choisi de s'ancrer dans le passé, tandis que d'autres ont embrassé le changement et se sont adaptés aux nouvelles réalités de l'Allemagne réunifiée. Cette diversité d'opinions et d'attitudes a contribué à façonner une identité régionale dynamique, en constante évolution, qui continue de se redéfinir au fil du temps.

Les défis du dépeuplement et de l'exode rural constituent des enjeux majeurs pour l'ex-RDA, avec des implications profondes sur son développement socio-économique et son tissu communautaire. Depuis la réunification, de nombreuses régions de l'ex-RDA ont été confrontées à une diminution constante de leur population, principalement en raison de l'exode des jeunes vers les centres urbains et les régions de l'ouest de l'Allemagne.

L'exode rural est alimenté par une combinaison de facteurs. Tout d'abord, les opportunités d'emploi et d'éducation dans les villes sont souvent perçues comme plus attractives, conduisant de nombreux jeunes à quitter les petites villes et les villages pour chercher de meilleures perspectives ailleurs. Ensuite, le déclin de certaines industries traditionnelles dans les zones rurales a entraîné une perte d'emplois et une stagnation économique, poussant encore plus de personnes à partir à la recherche de meilleures opportunités.

Ce phénomène de dépeuplement pose plusieurs défis pour les communautés rurales de l'ex-RDA. Tout d'abord, il entraîne une diminution de la main-d'œuvre disponible, ce qui peut nuire à la viabilité économique des entreprises locales et des services publics, tels que les écoles et les hôpitaux. De plus, le vieillissement de la population dans ces régions peut créer des pressions supplémentaires sur les systèmes de santé et de protection sociale.

Parallèlement, le dépeuplement et l'exode rural laissent souvent derrière eux des communautés affaiblies et des infrastructures sous-utilisées. Les services publics comme les transports en commun, les magasins et les équipements culturels peuvent être réduits, ce qui rend la vie quotidienne plus difficile pour ceux qui restent. De plus, la diminution de la population peut également entraîner une perte de diversité culturelle et un affaiblissement du tissu social local.

Face à ces défis, des initiatives de revitalisation et de développement rural ont été lancées dans certaines régions de l'ex-RDA. Ces programmes visent à stimuler l'économie locale, à créer de nouvelles opportunités d'emploi et à renforcer les infrastructures communautaires. Des investissements dans les secteurs de l'agriculture, du tourisme et des énergies renouvelables, entre autres, ont été encouragés pour diversifier les économies locales et créer des emplois durables.

Cependant, malgré ces efforts, le dépeuplement et l'exode rural restent des défis persistants pour l'ex-RDA. Pour relever ces défis de manière efficace, il est essentiel d'adopter une approche intégrée et holistique qui prend en compte les besoins spécifiques des communautés rurales et qui implique la collaboration entre les gouvernements locaux, les entreprises et la société civile. Seul un tel engagement collectif peut permettre de revitaliser les régions rurales et de garantir un avenir durable pour l'ex-RDA dans son ensemble.

Les opportunités de revitalisation et de renouveau dans l'ex-RDA offrent des perspectives prometteuses pour stimuler l'économie locale, renforcer les communautés et favoriser un développement durable. Malgré les défis du dépeuplement et de l'exode rural, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour exploiter le potentiel inexploité de cette région et créer de nouvelles opportunités pour ses habitants.

Tout d'abord, l'ex-RDA possède un riche patrimoine culturel, historique et naturel qui constitue une base solide pour le développement du tourisme. Des villes pittoresques, des châteaux médiévaux, des sites industriels réhabilités et des paysages préservés attirent les visiteurs nationaux et internationaux en quête d'expériences authentiques. Les investissements dans l'infrastructure touristique, la promotion de circuits thématiques et le développement de l'écotourisme contribuent à dynamiser les économies locales tout en préservant le caractère unique de la région.

L'ex-RDA bénéficie d'un potentiel important dans le domaine de l'innovation et de la recherche. Des pôles technologiques et des clusters industriels se sont développés dans certaines villes, attirant des entreprises innovantes et des talents spécialisés. Les universités et les centres de recherche offrent également des opportunités de collaboration avec le secteur privé pour développer de nouvelles technologies et stimuler l'entrepreneuriat local. Des secteurs tels que les énergies renouvelables, la mobilité durable et la numérisation sont particulièrement prometteurs pour l'avenir de l'ex-RDA.

Parallèlement, l'agriculture et l'agroalimentaire représentent des secteurs clés pour la revitalisation économique des régions rurales de l'ex-RDA. Avec ses vastes étendues de terres fertiles et son expertise agricole traditionnelle, cette région est bien positionnée pour répondre à la demande croissante de produits alimentaires de qualité et durables. Les initiatives de soutien aux petites exploitations agricoles, la promotion de l'agriculture biologique et locale, ainsi que le développement de circuits courts de distribution contribuent à renforcer les liens entre les producteurs et les consommateurs tout en préservant l'environnement.

Enfin, la transition vers une économie plus durable et résiliente offre des perspectives de développement à long terme pour l'ex-RDA. Les investissements dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et la protection de l'environnement créent des emplois verts et réduisent la dépendance aux combustibles fossiles. De plus, la réhabilitation des sites industriels abandonnés et la reconversion des zones polluées permettent de revitaliser les anciens centres industriels tout en améliorant la qualité de vie des habitants.

Les opportunités de revitalisation et de renouveau dans l'ex-RDA sont nombreuses et variées. En exploitant son patrimoine culturel et naturel, en stimulant l'innovation et l'entrepreneuriat, et en investissant dans des secteurs durables, cette région peut surmonter les défis du passé et bâtir un avenir prospère pour ses habitants. Seule une approche intégrée et collaborative, impliquant les acteurs locaux, régionaux et nationaux, permettra de concrétiser pleinement ce potentiel et de garantir un développement équilibré et inclusif dans toute l'ex-RDA.

Jérôme