La bise en Allemagne : entre érotisme et choc culturel
C’est bien connu, la culture latine, dont nous faisons partie, diffère en bien des points de la culture germanique, jugée plus froide et plus distante. Les habitants du pourtour méditerranéen, par exemple, sont habitués au contact, pendant une conversation mais aussi dans la vie quotidienne comme au travail, où les collègues se font souvent la bise pour se saluer.
2. La bise dans un environnement professionnel
3. Autres formes de salutations en Allemagne
Il en va tout autrement en Allemagne où la bise est considérée comme totalement déplacée, notamment dans un contexte professionnel. Il faut remonter aux pratiques enseignées à l’école pour comprendre le comportement de nos voisins d’Outre-Rhin.
Dès le plus jeune âge, on apprend aux enfants allemands à garder une certaine distance comme marque de respect lorsqu’on rencontre une personne étrangère.
Les Allemands, eux, c'est pas vraiment leur truc, la bise. Est-ce qu'ils le font juste pour se la jouer "latino" ? Moment de flottement assuré quand ils se retrouvent en France, genre "Bon, ok, je suis ici, normalement on se fait la bise, mais bon, c'est pas dans mes gènes..." Résultat : poignée de main avec un sourire en coin qui crie "Je suis pas habitué à ça, mais je m'adapte.
A l’inverse, la bise est considérée comme un des fondamentaux de la politesse française. C’est un signe de bienvenue et de salut, qui peut être très mal vu s’il est omis. (voir nombre de bises en France classé par région : Combien de bises ?)
Karambolage s’est bien sûr penché sur cette question épineuse
BBC News avait publié à ce sujet un article sur la société de conseil Knigge, spécialisée dans les comportements sociaux, qui condamnait la bise au travail. Le cabinet allemand avait reçu une cinquantaine d’e-mails d’employés qui se plaignaient de l’augmentation de la pratique de la bise sur leur lieu de travail et qui s’en trouvaient gênés.
Embrasser son collègue sur la joue serait donc peu apprécié par les Allemands, qui préfèrent s’en tenir à la poignée de main, plus traditionnelle et plus courtoise. Selon le président de Knigge, Hans-Michael Klein, il y a en Europe une “zone de distanciation sociale” d’environ soixante centimètres qui doit être respectée.
On retrouve également ces propos aux États-Unis, où l’on parle de “personal space” ou “comfort zone” (entre 40 et 60 cm dans les cultures occidentales) pour désigner l’espace dont chaque individu a besoin et qu’il est important de respecter.
On se souvient aussi des premières rencontres entre l’ancien président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, où les deux personnalités, qui ne se connaissaient pas encore, avaient été un peu surprises par les habitudes de chacun. Le président, comme tout Français habitué à faire la bise, avait quelque peu déstabilisé la chancelière par sa façon directe de l’embrasser, tandis que celle-ci s’attendait à des échanges moins chaleureux (n’oublions pas que Madame Merkel appartient à l’école de la poignée de main). Les femmes se serrent la main entre elles aussi en Allemagne ; un homme et une femme aussi.
Alors que la presse s’indignait des manières “érotiques” du Président, la chancelière commençait à s’accommoder de ces manières françaises. Peut-être même que celle-ci a joué un rôle positif au sein du rapprochement des relations franco-allemandes
L’accolade, le fait de se prendre mutuellement dans les bras est une forme de salutation qui est devenue courante en Allemagne avec famille et amis avec une intensité différente suivant l’intimité.
Toutefois, si la bise est peu appréciée dans les milieux professionnels en Allemagne, il en est bien autrement en dehors du travail. Rares sont les Allemands qui n’aiment pas faire la bise aux Françaises, et inversement, les Allemandes semblent apprécier la complicité de la bise avec la gent masculine française…
Johanna