La véritable histoire de Hansel et Gretel
À Noël nous avons eu plusieurs centimètres de neige. Notre foyer, avec ses décorations lumineuses aux fenêtres, baignait dans une atmosphère de conte hivernal, comme la maison en pain d’épices de Hansel et Gretel. Cela m’a donné l’idée de confectionner une telle maisonnette et d'effectuer quelques recherches sur ce conte.
En fouillant mes recettes pour rassembler les ingrédients et le matériel nécessaires, je me suis rendu compte que j’ignorais presque tout de l’origine des traditionnelles maisonnettes en pain d’épices. Je me rappelais vaguement une maison en pain d’épices sur les lieux du crime dans Hansel et Gretel, le conte raconté par les frères Grimm.
En me penchant sur la question, je suis tombée sur un article du magazine Der Spiegel daté de juillet 1964. On y lisait qu’en été 1962, un professeur de lycée allemand, Georg Ossegg, archéologue amateur, avait trouvé des ossements de femme au sein d’une zone boisée isolée, dans le massif du Spessart. En les examinant, il se rendit compte que cette femme avait été assassinée, puis brûlée dans un four. Non loin du site, il trouva une boîte en fer contenant des ustensiles de cuisine et une recette manuscrite de pain d’épices.
Georg Ossegg affirma que la femme en question était Katharina Schrader, une boulangère célèbre pour ses pains d’épices, qui vécut au milieu du XVIIe siècle. Selon ses recherches dans des fonds d’archives et des comptes-rendus d’enquêtes, Katharina suivit des cours de négoce dans un couvent, et ce fut là qu’elle dénicha sa recette « secrète » de pain d’épices
Katharina vendit son pain d’épices sur le marché de Nuremberg, avec un succès tel qu’elle attira non seulement de nombreux clients, mais aussi la jalousie d’un concurrent, Hans Metzler. En 1647, ce boulanger accusa Katharina d’être une sorcière. Grâce à ses connaissances haut placées, elle fut relaxée. Katharina déménagea dans une zone isolée du Spessart où Metzler, flanqué de sa jeune sœur Grete, la suivit à la trace. Ils la tuèrent, puis la brûlèrent dans l’un de ses propres fours. Cependant, les assassins ne parvinrent pas à trouver la recette de pain d’épices tant convoitée.
À l’occasion du centenaire de la mort des frères Grimm, en 1963, Hans Traxler publia un livre intitulé La Vérité sur Hansel et Gretel. Une documentation du conte des frères Grimm. L’ouvrage contenait des photos, une carte et des croquis du site. Il donna l’impression que les frères Grimm, célébrissimes conteurs allemands du XIXe siècle, avaient fondé l’une de leurs histoires les plus populaires sur un crime haineux.
Georg Ossegg n’eut jamais l’occasion de savourer sa célébrité nouvelle, pour la simple raison qu’il n’avait jamais existé. Comme toute cette histoire de meurtre motivée par une rivalité autour du pain d’épices, Ossegg était une invention de Hans Traxler, un caricaturiste et écrivain satirique allemand. L’objectif de Traxler était de parodier les livres pseudo-archéologiques, très en vogue à l’époque. Selon Der Spiegel, il confessa avoir dérobé les ustensiles de cuisine dans la maison de poupées de sa fille, et recopié à la main la recette du pain d’épices sur un classique livre de recettes de Dr. Oetker !
Cette histoire dans l’histoire m’a divertie tout au long de la préparation de ma maisonnette en pain d’épices. À vrai dire, je voulais qu’elle ait l’air le plus naturel possible, sans colorants artificiels. Pour la décorer, j’ai utilisé uniquement du glaçage fait à partir de sucre glace et de blanc d’œuf, des raisins enrobés de chocolat et de yaourt, des kiwis séchés en tranches pour les arbres, et des flocons de noix de coco bios et non sucrés pour la neige.
Mon mari, qui a comme toujours pris les photos, a placé une capsule de bière au pied de la maisonnette. Je m’y suis opposée, mais il a insisté, arguant que cela montrait l’échelle de l’édifice. Cette technique remonte à l’époque où il s’est lancé comme photographe d’archéologie. Après avoir appliqué tout ce glaçage, j’aurais pu mesurer les dimensions de la maisonnette à l’aune des douleurs de ma main mais à présent, je peux aussi en faire la preuve par l’image.
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Johanna
