Différences de salaire : du brut au net en France et en Allemagne
On entend souvent que les salaires sont plus élevés en Allemagne qu'en France. Mais qu'en est-il au final de ce mythe ? Beaucoup de Français comparent les salaires entre la France et l'Allemagne, mais il est important de noter que les salaires nets français et allemands ne sont pas équivalents.
Les cotisations salariales en France sont les suivantes : assurance maladie, vieillesse, chômage, retraite.
Le brut fiscal et le net imposable : concrètement, quelle différence ?
Le salaire brut fiscal est le salaire brut, à savoir le salaire de base, auquel sont ajoutées les heures supplémentaires, les primes et les avantages.
Le salaire net imposable est le salaire net, c'est-à-dire après déduction des cotisations sociales obligatoires (sécurité sociale, vieillesse et retraite complémentaire). Il correspond à l'ensemble des rémunérations perçues au cours de l'année d'imposition, auxquelles on ajoute les avantages en nature dont le salarié a bénéficié pendant cette même année (exemple : voiture ou logement de fonction).
Il est important de clarifier les différences entre le salaire brut stipulé dans votre contrat de travail et le salaire net réellement versé sur votre compte bancaire.
Ainsi, tous les salaires nets annoncés sont aussi nets d'impôts. Les différents impôts allemands sont l'imposition salariale, mais aussi l'impôt de solidarité et la taxe d'église.
Quant aux cotisations salariales, elles concernent la sécurité sociale, l'assurance-dépendance, l'assurance vieillesse et l'assurance chômage.
Le "salaire brut" englobe votre rémunération de base ainsi que les heures supplémentaires, primes exceptionnelles et autres avantages liés à votre poste (comme le logement ou le véhicule de fonction).
Quant au "salaire net", il s'agit du montant réel que vous recevez chaque mois après déduction des charges obligatoires. En Allemagne, ces charges incluent les impôts et les cotisations de sécurité sociale, prélevées directement par l'employeur et versées au centre des impôts (Finanzamt). Votre bulletin de paie détaille ces déductions mensuelles, comprenant notamment :
L'impôt sur le salaire (Lohnsteuer)
Il est calculé en fonction de votre classe d'imposition (Steuerklasse). En Allemagne, il existe six classes d'imposition, déterminées par votre situation familiale (célibataire, marié, avec ou sans enfants) et votre revenu total (Einkommen), comprenant votre salaire ainsi que d'autres sources de revenus tels que les actifs, capitaux, rentes et pensions. L'impôt sur le salaire en Allemagne, est prélevée de manière progressive en fonction du revenu. Le taux d'imposition augmente à mesure que le revenu augmente, atteignant un maximum de 47 %. Ce taux est déterminé en fonction d'une classe d'imposition afin de mieux correspondre à l'impôt réel dû à la fin de l'année.
L'impôt du culte (Kirchensteuer)
Il représente 8 à 9 % du montant de l'impôt sur le revenu payé, variant selon les Länder, et est applicable en fonction de votre affiliation religieuse.
Le prélèvement de solidarité (Solidaritätszuschlag)
Il correspond à 5,5 % de vos revenus. En 2024, les personnes seules sont exonérées si elles payent un maximum de 18.130 euros d'impôts par an. Pour les partenaires imposés ensemble, ce sera le double (36.260 / 35.086 euros).
Les cotisations sociales obligatoires (gesetzliche Sozialversicherungen)
Elles s'élèvent à environ 20 % du salaire brut en Allemagne. Elles comprennent les assurances maladie, soins, retraite, accident, chômage et dépendance obligatoires (gesetzliche Krankenversicherung, Pflegeversicherung, Rentenversicherung, Unfallversicherung, Arbeitslosenversicherung).
Les cotisations sociales obligatoires sont déduites du salaire et leur montant varie en fonction de ce dernier. En 2024, les taux de cotisation obligatoire sont les suivants :
Pour la retraite publique : 18,6 % du salaire brut, sans prise en compte d'une complémentaire.
Pour l'assurance chômage : 2,6 % du salaire brut.
Pour l'assurance santé publique : 14,6 % du salaire brut pour les assurés salariés. Un supplément de 0,7 % à 1,3 % peut s'appliquer selon la caisse de santé.
Pour l'assurance dépendance publique : 3,4 % du salaire brut. Les personnes sans enfant doivent payer un supplément de 0,6 %.
Les cotisations sont partagées à parts égales entre l'employé et l'employeur
En Allemagne, un plafond de cotisation, appelé Beitragsbemessungsgrenze, est en vigueur. Les prestations des assurances sont plafonnées comme suit :
90 600 € par an pour la retraite et le chômage.
62 100 € par an pour la santé et la dépendance.
Au-delà de ces plafonds, ni l'employé ni l'employeur ne cotisent davantage.
Contrairement à la France, où environ 20 % des cotisations sociales sont à la charge de l'employé et 80 % à la charge de l'employeur, en Allemagne, la répartition est équitable : 50 % sont à la charge de l'employé et 50 % à la charge de l'employeur. De plus, les régimes complémentaires en matière de retraite, santé et prévoyance ne sont pas obligatoires en Allemagne.
La particularité des classes d'imposition
Chaque fiche de salaire est unique, car le montant de l'impôt à payer est déterminé individuellement en fonction de la classe d'imposition, qui varie selon la situation familiale du contribuable, y compris son état civil et le nombre d'enfants. Les différentes situations familiales sont prises en compte dans les six classes d'impôt sur le salaire :
Classe I : Célibataire
Classe II : Famille monoparentale
Classe III : Marié, avec deux revenus, basé sur le revenu le plus élevé des conjoints
Classe IV : Marié, les deux conjoints ont le même revenu
Classe V : Marié, avec deux revenus, basé sur le revenu le plus bas des conjoints
Classe VI : Emploi secondaire
Est-il intéressant de modifier la classe d'imposition ?
Dans certaines situations, cela peut ajuster le montant de l'impôt prélevé à la source. Cependant, le montant total dû reste inchangé, et tout réajustement est effectué lors de la déclaration d'impôt ultérieure.
1ère astuce : récupérer ses impôts sur les deux années précédentes avec la Steuererklärung
Certains frais liés à l'activité professionnelle ainsi que de nombreux autres frais sont déductibles et peuvent conduire à un remboursement conséquent d'impôts.
2e astuce : toucher le complément au salaire versé par l'employeur
La Vermögenswirksame Leistungen (VWL) désigne un complément pouvant aller jusqu'à 40 € par mois versé par l'employeur que l'on peut obtenir sur simple demande !
La démarche est très simple : il suffit d'ouvrir un compte épargne spécial permettant la réception de cette somme d'argent.
3e astuce : choisir sa sécurité sociale
Enfin, en Allemagne, tout salarié choisit sa sécurité sociale : en plus des sécurités sociales privées, on compte plus de 200 Krankenkasse publiques. Certaines caisses permettent par l'intermédiaire de primes versées en fin d'année de réduire leur coût.
S'assurer dans le privé peut également être un moyen de voir son net augmenter.
Un exemple concret
| France (cotisations sociales et impôt français, statut cadre) | Allemagne (cotisations sociales et impôt allemand) | |
|---|---|---|
| Salaire brut | 45 000 € | 45 000 € |
| Charges sociales pour l'employeur | 16 077 € (35,73 %) | 8 509,75 € (18,91 %) |
| Coût total pour l'employeur | 61 077 € | 53 509,75 € |
| Charges sociales pour le salarié | 9 629 € (21,40 %) | 9 472,50 € (21,05 %) |
| Salaire avant impôts | 35 371 € | 35 527,50 € |
| Impôt sur le revenu | 3 653 € | 5 919 € |
| Salaire après impôts | 31 718 € | 29 608,50 € |
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Thomas Desray
Conseiller financier en Allemagne
Französischer Vermögensberater in Deutschland
Tel : +49 (0)174 696 11 69
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