Petit aperçu de la presse et médias en Allemagne : magazines, journaux et quotidiens allemands
L’ Allemagne est le plus grand marché de titres de presse en Europe, et occupe la 5e place mondiale. Elle est le septième pays européen en densité de journaux (nombre de titres pour 1000 habitants). Le paysage de la presse allemande se caractérise par une grande diversité de titres et d'opinions. On compte 313 journaux régionaux à côté des 8 titres nationaux. Les journaux plus sérieux concurrencent les journaux à scandales. Comment sont structurés la presse et les médias en Allemagne?
L’ Allemagne est le plus grand marché de titres de presse en Europe, et occupe la 5e place mondiale. Elle est le septième pays européen en densité de journaux (nombre de titres pour 1000 habitants). Le paysage de la presse allemande se caractérise par une grande diversité de titres et d'opinions. On compte 313 journaux régionaux à côté des 8 titres nationaux. Les journaux plus sérieux concurrencent les journaux à scandales. Comment sont structurés la presse et les médias en Allemagne?
1.1. Le principe de liberté de la presse
1.2. L'éthique journalistique
2. Le poids de la presse allemande dans le paysage des médias
2.1.Les groupes de presse allemands
2.2. Les Organisations professionnelles des médias
2.3. Les organismes de régulation
3. Les différents types de journaux en Allemagne
3.1. Les journaux quotidiens (Tageszeitung)
3.2.. Les journaux hebdomadaires (Wochenzeitung)
3.3. Journaux du dimanche (Sonntagszeitung)
3.4. Magazines (Zeitschrift)
3.5. La presse économique
3.6.Le développement de la presse numérique
4. Comparaison de la presse en France et en Allemagne
La liberté d'opinion et la liberté de la presse sont un principe fondamental en Allemagne. En tant que fondement de la démocratie, elles sont inscrites dans l'article 5 de la loi fondamentale : "Toute personne a le droit d'exprimer et de diffuser son opinion par la parole, l'écrit et l'image et de s'informer sans entrave auprès de sources généralement accessibles. Il n'y aura pas de censure". Les journaux ne sont pas aux mains de l'État, mais sont gérés par des entreprises de médias du secteur privé. La radiodiffusion est exploitée par des radiodiffuseurs publics avec pour mission de fournir une offre de base d'informations indépendantes, d'éducation, de culture et de divertissement. Chaque ménage en Allemagne doit payer une redevance pour cela. Il existe également un large éventail de stations de radio et de télévision privées dont les programmes sont financés par la publicité.
Les éditeurs, rédacteurs et journalistes ont une grande responsabilité envers la société. Ils fournissent des informations, contribuent à la formation de l'opinion et à la liberté d'expression et exposent les griefs. La ligne directrice de leur travail en matière d'éthique journalistique est le code de la presse, dont le Conseil allemand de la presse (Deutsche Presserat ) assure le respect. Les lecteurs y attachent une grande importance : dans un sondage représentatif réalisé par l'institut de recherche sur l'opinion Allensbach, neuf citoyens allemands sur dix considèrent qu'un journalisme de qualité est important pour la démocratie et la société en Allemagne. L'OSCE salue également la diversité du paysage médiatique allemand et les normes journalistiques élevées : elle parvient à limiter les effets des "fake news".
L' Allemagne est le cinquième plus grand marché de journaux au monde, après la Chine, l'Inde, le Japon et les États-Unis. Selon l'Association allemande des éditeurs de journaux, les journaux - imprimés et numériques - touchent chaque jour les trois quarts de la population germanophone. Le large éventail de journaux et de magazines reflète cette diversité d'opinions : 323 quotidiens, 23 hebdomadaires et six journaux du dimanche fournissent des informations sur les événements mondiaux et locaux dans le pays. Ensemble, ils ont un tirage d'environ 18,3 millions d'exemplaires. En outre, il existe 1 625 magazines d'intérêt général et une gamme croissante de médias spécialisés avec actuellement environ 5 600 titres. (source deutschland.de)
Il existe en particulier cinq groupes médias: Axel Springer (presse, édition, internet); Bertelsmann (presse, imprimerie, radio, télévision); Burda (presse magazine); DuMont Mediengruppe (presse, édition, musique, radio); Gruner + Jahr (presse, le 1er groupe de presse en Europe); Bauer Media Group(presse magazine, internet, radio, télévision); Funke Mediengruppe (presse); [Koch Media]](https://www.kochmedia.com/en/) (éditeur, films, jeux vidéo, logiciel); et dans le domaine audiovisuel ProSiebenSat.1 Media https://www.prosiebensat1.com/ (télévision); Mediengruppe RTL Deutschland https://www.mediengruppe-rtl.de/ (télévision); Sky Deutschland (télévision) ou encore Regiocast (radios).
Il existe en Allemagne différents types d’organisations liées au secteur des médias et de la presse, qu' il s'agisse d'associations et de fédérations professionnelles ou de syndicats. Leur mission est de défendre les intérêts de leurs membres et la liberté d'expression.
On pourra citer entre autres la DVTM (Deutscher Verband für Telekommunikation und Medien), la BDZV (Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger), la fédération de la presse allemande; la VDZ (Verband Deutscher Zeitschriftenverleger), la fédération de la presse magazine; la Deutsche Fachpresse la fédération de la presse specialisée; la VDL (Verband Deutscher Lokalzeitungen), l'association de la presse locale; la BDB (Börsenverein des Deutschen Buchhandels), une fédération d'éditeurs de livres; la [BVDA](https://www.bvda.de/startseite.htm (Bundesverband Deutscher Anzeigenblätter), l'association de la presse hebdomadaire; la EMVD (Evangelischer Medienverband in Deutschland), la fédération des médias protestants; la KEP (Christlicher Medienverbund), l'association des médias chrétiens; KM (Katholischer Medienverband), l'association des médias catholiques; la GMW (Gesellschaft für Medien in der Wissenschaft), une association de médias scientifiques; la VAP (Verein der Ausländischen Presse in Deutschland), l'association de la presse étrangère en Allemagne; la BVV (Bundesverband Audiovisuelle Medien), la fédération de l'audiovisuel; la BFR (Bundesverband Freier Radios), la fédération des radios libres ou encore les syndicats de journalistes; la DJV (Deutscher Journalisten-Verband); DJU (Deutsche Journalistinnen- und Journalisten-Union) et DVPJ (Deutscher Verband der PresseJournalisten).
La régulation de la presse écrite est réalisée par le Conseil de la presse allemande, Deutscher Presserat . Il défend la liberté de la presse et la réputation de ses membres et traite les éventuelles plaintes et réclamations. Il a également mis en place le PresseKodex, ou code de la presse. Les médias audiovisuels sont régulés par des organismes de chaque Land regroupés au niveau national dans le Die Medien Anstalten . ils sont sont financés par la redevance audiovisuelle.
- Les journaux locaux, dans la plupart des villes, donnent des nouvelles d’une petite zone géographique
- Les journaux régionaux ont plus large zone de diffusion
- Les journaux nationaux dits “überregional” (“suprarégionaux”) que l’on trouve partout en Allemagne.
Les quotidiens locaux et régionaux sont les titres les plus lus. Cette diversité est due à la tradition fédérale allemande, à l’inverse de notre centralisation française.
On distingue également les journaux distribués dans la rue de ceux qui sont distribués par portage chaque jour directement chez l’abonné, méthode très répandue en Allemagne.
Les titres sont indépendants des partis politiques ou des gouvernements. La liberté de la presse est un principe très important inscrit dans la Loi fondamentale pour la République Fédérale d’Allemagne.
La liberté de la presse et la liberté d’informer par la radio, la télévision et le cinéma sont garanties. Il n’y a pas de censure. (Extrait de l’article 5.1 de la loi fondamentale, source : Bundestag
L’Allemagne est 14ème dans le classement mondial de la liberté de la presse (publié par Reporters sans frontières) tandis que la France n’occupe que le 39ème rang.
Pour la presse généraliste, le Süddeutsche Zeitung (SZ- München) et le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ – Frankfurt am Main) sont les journaux suprarégionaux les plus lus. Ils sont suivis de Die Welt (Berlin), du Frankfurter Rundschau et du Tagezeitung (taz – Berlin). Ces journaux ont la réputation d’être de bonne qualité et influencent l’opinion politique en Allemagne.
En presse spécialisée, Le Handelsblatt est également un titre très lu en Allemagne avec plus de 118 000 exemplaires vendus par jour.
Tous ces titres sont des journaux d’information dits “sérieux”.
Les quotidiens dit “de qualité” cohabitent en effet avec des journaux à scandales souvent vendus dans la rue - d’où leur nom de “Boulevardzeitungen”.
Ainsi, le quotidien (tous types confondus) le plus lu dans toute l’Allemagne reste le tabloïd Bild avec plus de 2 millions d’exemplaires vendus par jour. Ce journal est édité par la Axel Springer Verlag, maison d’édition parfois contestée et dénigrée par les milieux intellectuels. (Source : Meedia)
On retrouve la même classification que pour les quotidiens (locaux, régionaux, suprarégionaux). Les mêmes sujets sont traités mais les informations sont plus développées car les journalistes ont sept jours pour le préparer. Des sujets anciens sont parfois repris puisque ces journaux ne traitent pas le sujet du jour. Les opinions politiques y sont plus soulignées que dans les quotidiens. L’hebdomadaire le plus lu est Die Zeit, journal libéral édité à Hambourg. (Source : Meedia
Les titres les plus connus sont la Bild am Sonntag, Welt am Sonntag, Sonntag Aktuell, Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. Ils dépendent d’un journal quotidien qui paraît la semaine. Cette édition du dimanche permet de compléter les informations données dans la semaine en les développant.
Une plus grande place est accordée aux rubriques culturelles : critiques de livres ou de films, musique… Mais la rubrique la plus importante est sans doute la rubrique sportive avec, notamment, le résumé des matchs qui ont eu lieu la veille.
Comme pour les journaux, ils sont très nombreux. Il existe des magazines spécialisés ou des magazines qui s’adressent à un public plus large (“Publikumszeischrift”). On trouve dans cette catégorie les programmes TV, les journaux d’annonces mais aussi les magazines féminins ou d’informations. Le magazine féminin le plus lu est Brigitte, qui aborde des thèmes variés comme la mode, la culture, la psychologie, l’environnement, la politique…
En ce qui concerne les journaux d’informations, le plus lu et reconnu comme le plus sérieux est incontestablement le Spiegel. Très complet, ce titre est toutefois difficile d’accès lorsqu’on apprend la langue. Il est concurrencé depuis quelques années par Focus. Considéré comme moins sérieux, il est plus facile à lire.
Stern est, après le Spiegel, le magazine d’informations le plus lu. Privilégiant les photos, il est considéré comme un illustré.
Les chiffres de diffusion des journaux imprimés sont en baisse car de plus en plus de personnes lisent leur journal sous format numérique : en Allemagne, un internaute sur deux utilise régulièrement les offres en ligne des éditeurs de journaux et de magazines. En plus des éditions imprimées, ces éditeurs distribuent actuellement près de 700 offres éditoriales sur Internet - sites web, e-paper, applications pour smartphones - et diffusent des nouvelles via les médias sociaux tels que Twitter, Facebook et Snapchat. Environ 1,45 million de journaux sont vendus chaque jour sous forme de papier électronique, et la tendance est à la hausse.
Voici une émission à ce sujet sur France Culture
Le nombre de journaux en Allemagne s'élève à 329 contre 80 en France! Quelles sont leurs spécificités dans les deux pays ? La structuration des médias dans les deux pays et une comparaison permet de mettre en avant le cadre juridique, le rapport de la presse à l'Etat, le modèle économique, la propriété de la presse, les différents types de presse, les pratiques journalistiques, sans oublier la presse en ligne.
Nous vous renvoyons vers cette comparaison passionante réalisée par le blog de oncomprendrhin retenant 8 éléments: - La typologie de la presse – PQR, PQN, länder et centralisation - L’offre de journaux en France et en Allemagne. - La forme de l’abonnement vs numéro - La culture de la lecture dans les deux pays - La distinction entre opinion et factuel - Le traitement de la vie privée des hommes et femmes politiques. - La presse en tant que “Quatrième pouvoir” - La crise de la presse vécue dans les deux pays.
Enfin cette analyse retient également d’autres éléments qui peuvent jouer un rôle: la centralisation en France et le fédéralisme allemand, le contexte communicationnel fort / faible, ainsi que le temps polychronique en France contre le temps monochronique en Allemagne.
Si le sujet vous intéresse, nous vous recommandons également le livre "La presse en France et en Allemagne. Une comparaison des systèmes (ROBERT Valérie. 2011, Presses Sorbonne Nouvelle, Paris, 183 p. Juliette Charbonneaux)
Bonne lecture!
Olivier